La matinée était fraîche dans les Highlands écossais, une brume flottant sur les collines vertes comme un murmure. J’avais visité l’Écosse pour ce whisky, à la manière dont un homme vient à un endroit pour découvrir quelque chose de vrai, de réel. Les distilleries étaient dispersées dans le paysage, anciennes et fières, comme des sentinelles essayant de veiller sur les secrets de la planète terre.
Mon premier arrêt s’est fait dans une minuscule distillerie familiale, près d’un loch. L’eau qu’on y trouve est vieille comme le monde, filtrée par la tourbe et la bruyère, ce qui donne au whisky le goût de la terre elle-même. L’air était chargé d’odeurs de malt et de fumée de bois. À l’intérieur, les alambics en cuivre brillaient sous la lumière rasante, de même que les tonneaux placés en série, le whisky dormant à l’intérieur jusqu’à ce qu’il soit temps de se réveiller.
Les hommes qui travaillaient bien là avaient les mains décolorées par le whisky et la terre. Ils parlaient de leur métier avec une sorte de révérence, comme s’ils ne faisaient pas seulement une boisson, mais essayaient de maintenir vivante une tradition aussi vitale que le sang dans leurs veines. Nous avons goûté un malt particulier, âgé de douze ans, et c’était comme consommer les Highlands eux-mêmes – un peu de fumée de cigarettes, un murmure de chêne, le goût sucré de l’orge.
Dans l’après-midi, je me suis rendu dans une autre distillerie, plus grande, beaucoup plus moderne, mais tout aussi dévouée à la fabrication du whisky. J’y ai rencontré un homme qui parlait des tonneaux comme s’il s’agissait d’objets vivants, chacun conférant son propre caractère au whisky qu’il contenait. Il m’a montré les entrepôts où les tonneaux vieillissaient, une cathédrale de bois et d’esprit. L’environnement était à l’aise avec la respiration du whisky, un parfum qui parlait du temps qui passe, de la persévérance et de l’attention.
Nous y avons dégusté un whisky vieilli en fûts de sherry. Il ne ressemblait à rien de ce que j’avais jamais goûté auparavant – riche, complexe, avec des niveaux de saveur qui se déploient comme une histoire. La personne a dit que créer un bon whisky, c’était comme écrire un excellent livre – il faut du talent, en effet, mais aussi de l’intérêt et une profonde compréhension des conditions météorologiques qui entrent en jeu.
Le soir, je me suis retrouvé dans un petit bar d’un village voisin. Les murs étaient tapissés de bouteilles, chacune représentant une section différente de l’histoire du whisky écossais. Les gens qui s’y trouvaient étaient accueillants, leur plaisir facile. Nous avons partagé des verres et des histoires, le whisky étant un fil rouge qui nous tissait collectivement.
Au fur et à mesure que la nuit avançait, j’ai repensé aux distilleries que j’avais visitées et aux personnes que j’avais rencontrées. Il y avait quelque chose de classique dans cet endroit, dans la façon dont le whisky était créé. Ce n’était pas simplement une boisson, mais un témoignage de la propriété, des personnes qui avaient travaillé pendant de nombreuses années pour perfectionner leur art.
Dans l’obscurité, les collines semblaient murmurer, les étoiles se balançaient, basses et brillantes. Je pensais au whisky qui dormait dans les tonneaux, à la lenteur des saisons, à la personne qui en est affectée. Il y avait ici une beauté évidente, une sorte de réalité difficile à exprimer. C’était quelque chose à ressentir, à connaître, comme la chaleur du whisky dans le haut du corps, comme le goût résiduel de la fumée, du chêne et de l’orge.
C’est ainsi que je me suis assis là, sous le ciel écossais, et que j’ai levé ma fenêtre vers les distillateurs, vers la terre, vers le whisky qui était bien plus qu’une simple boisson. C’était un morceau de l’Écosse elle-même, folle, belle et vraie.